Edouard Levé
Angoisse
"Cherchant son chemin sur un atlas routier, une amie remarque un village nommé Angoisse.
L'atlas refermé, elle ne parvient pas à le retrouver.
Un mois plus tard, je me rends dans un bureau de poste. Je retrouve Angoisse. Je m'y rends. J'y passe trois jours. Je photographie les lieux : l'entrée d'Angoisse, l'école d'Angoisse, les maisons d'Angoisse. Le terrain de sports d'Angoisse, la base de loisirs d'Angoisse, la discothèque d'Angoisse...
Rien d'extraordinaire si ce n'est le nom. Ce village français est moyen : un archétype sans qualités comme en traversent souvent les routes départementales.
Pourtant, à regarder de plus près ces rues vides, ces maisons aux façades muettes, ces abords neutres, il suffit de prononcer "Angoisse" pour que les choses se parent d'une inquiétante étrangeté.
Le village entier obéirait-il à son nom comme une injonction ?"
"Angoisse" s'inscrit dans la prolongation du travail photographique d'Edouard Levé autour du nom. Il s'agit, à l'échelle d'un village cette fois, de confronter ce que nous voyons à ce que signale son nom.
Une série précédente "portraits d'homonymes", présentait les visages des homonymes d'artistes et d'écrivains. Trouvés dans l'annuaire, ces doubles potentiels de Claude Lorrain, Eugène Delacroix, Raymond Roussel, André Breton, André Masson, Fernand Léger, Henri Michaux, Georges Bataille, Emmanuel Bove et Yves Klein, présentaient un visage dont l'identité se troublait à la lecture du nom et du prénom apposés au dessous de leurs portraits photographiques.
Georges Bataille |
André Breton |
Yves Klein |
Dans un travail anterieur, "Rêves reconstitués", il met en scène ses rêves, avec personnages et décors, puis photographie l'ensemble. Le fond blanc et la lumière crue composent un univers qui oscille entre illusion et réalité.
Pour sa dernière série, "Actualité", les signes de reconnaissance sont supprimés :
ni date ni lieu, modèles anonymes. Le titre reste abstrait : la conférence, la visite officielle, l'inauguration...
Ces images pourraient être publiées n'importe où ailleurs, elles pourraient illustrer n'importe quel évènement politique. Le référant singulier écarté, l'image, apparaît comme pur objet de manipulation du regard, elle devient moyenne sans fin.
Léa Gauthier, Mouvement, octobre 2001 (extraits)
Expositions récentes
2001 - La Périphérie
2001 - École des Beaux-Arts de Tours
2000 - Immanence
2000 - Galerie Courant d'Art
2000 - La Beauté (Avignon)
2000 - Galerie Anton Weller
1999 - Web Bar
1999 - Galerie Eof
1999 - Art Process
1999 - L'Atelier Parisien
Publications Récentes
2001 Art Presse - Evence Verdier
2001 L'image corps - Paul Ardenne - Éditions du Regard
2000 Les années 90 - Anne Bony - Éditions du Regard
2000 Mouvement - Léa Gautier
2000 Simulacres - Yannick Vigouroux
2000 Tribeca - Franck Lamy
2000 La Beauté - Éditions Flammarion
2000 Les jeux d'esprit - Éditions Actes Sud
Collaborations critiques à Parachute, Le Journal des Expositions, Post
Collections Fonds National d'Art Contemporain, Caisse des Dépôts et Consignations
Bourse du FRAC Ile-de-France (1999)
"auto-jumeaux"